
Que dirait la Nature de notre réponse à la crise du COVID?
Nous vivons depuis presque deux ans une crise sanitaire qui a suscité des réponses d’une ampleur sans précédents : les mesures gouvernementales, les sacrifices économiques et les résistances sociales sont plus extrêmes que jamais. La charge émotionnelle qui entoure toutes les questions relatives au COVID est telle qu’il est même difficile de poser des questions pour dévoiler les lignes de fractions dogmatiques… même quand l’intention est de les dépasser pour nous réconcilier. Or quand le questionnement et le débat n’est plus autorisé c’est la culture toute entière qui souffre.
Dix années à pratiquer la permaculture m’a permis de développer un réflexe de nature qui me m’aide à adopter une perspective fraîche et non partisane pour aborder des questions de société délicates. C’est que la permaculture n’est pas une simple ‘manière innovante de jardiner’, mais un outil pratique pour faire évoluer nos manières de penser e adopter une perspective écocentrique (c’est à dire pernser nos contexte depuis le points de vue de l’écosytème et de la nature) : utiliser sa triple éthique (prendre soin de la planète, des hommes, et partager l’abondance) et ses 12 principes, c’est se donner une grille de lecture pour juger des bienfaits, à long termes, des actions que nous entreprenons.
Dit simplement, c’est regarder du point de vue de la Nature si nos actions sont alignées avec ses principes de fonctionnements, et si donc nos actions auront des répercutions durables et régénératives.
Voyons voir ce que cette analyse donne quand on l’applique à notre réponse à la crise sanitaire actuelle.
La question éthique
La triple éthique de la permaculture se fonde sur la supposition que tout système florissant se doit d’honorer et de nourrir la planète, les hommes, et de créer une abondance justement partagée.
Dans la situation actuelle, la planète semble avoir plutôt bien vécu la crise : si l’on en croit les observations, de nombreux écosystèmes ont pu bénéficier d’une période de repos liée à l’absence de visiteurs, et de nombreux animaux ont été observés dans des endroits où ils avaient appris à se faire timides. Côté consommation énergétique, peu de changements significatifs cependant : le jour du dépassement (date à laquelle toutes les ressources naturelles produites dans l’année ont été consommées) n’a pas, ou peu, changé en 2020 comparée à 2019 et avant.
Pour ce qui est de prendre soin des humains, certains diront que de garder la population mondiale (occidentale) enfermée l’a protégé des ravages du virus, d’autres que les confinements, le stress et la peur, et le port du masque et le vaccin sont une atteinte violente à la souveraineté sur nos corps. Les deux partis reposent leur croyance sur des faits scientiques, et les deux sont sans doute simultanément vrais. Un partout balle au centre.
Qu’en est-il d’avoir créé de l’abondance et du partage ? Pas ou peu de relations sociales pendant des mois, empathie masquée, censure inédite par l’interdiction pure et simple de partager certaines idées, division du peuple entre pro et anti… je crains malheureusement que la réponse sanitaire n’ai sérieusement abimé notre capacité à faire corps social, à être solidaires, fraternels et compatissants, des qualités qui nous seront pourtant cruciales face aux défis à venir et qui pourraient bientôt cruellement manquer à la société.
Analyse Permaculturelle
LesQue dirait la Nature de la réponse apportée par les hommes à la crise sanitaire ? Une analyse en 12 principes :
(Les 12 Principes de la permaculture ont pour vocations de définir des règles de fonctionnement des systèmes résilients et florissants, ce qui dépasse la simple notion de durabilité.)
- Observer et Interagir : Depuis le début de cette crise, l’observation est rendue quasi impossible par le double phénomène fake-news – censure. Quant à l’interaction, elle a elle aussi été très limitée de par les interdictions de se rassembler et le fait que toute opposition ait été systématiquement ignorée et stigmatisée.
- Collecter et stocker l’énergie :Entre les confinements à répétition, le stress et la peur régulière et le doute constant, je pense que l’énergie physique et mentale des individus est largement diminuée par rapport à ce qu’elle était. Les liens sociaux et à la nature sont eux aussi affaiblis. Autrement dit, nous sommes à ce jour plus faibles à tous les niveaux et disposons de moins de ressources pour faire face à d’autres défis qui ne manquerons pas de se manifester.
- Créer une production : Ne s’applique pas à l’analyse.
- Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction : Notre réponse au virus a été d’appliquer un contrôle maximal sur toutes les dimensions de nos vies, et de ne jamais questionner cet élan coercitif initial. Ni l’autorégulation ni la rétroaction n’ont été reconnues et respectées.
- Utiliser et valoriser des ressources et services renouvelables : Dès les premiers jours de la crise, la piste de la réponse vaccinale a été largement privilégiée sur la capacité humaine à développer une immunité. Deux ans plus tard on se moque encore ceux qui prétendent que se maintenir en bonne santé peut éviter les cas les plus grave de grippe.
- Ne pas produire de déchets : En permaculture ce principe signifie aussi ne pas produire de coûts cachés/externalisés… Que penser alors des effets psychologiques à long terme du port du masque, des risques de l’application massive d’une technologie aussi jeune que les vaccins ARN, des dégâts sur les économies nationales ?
- Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails : A-t-on une vision à long terme de ce que nous entreprenons face à ce défi ? Notre réponse est-elle alignée avec un ensemble de valeur qui nous permettent de naviguer l’incertitude ? La réponse est non. Les mesures sont décidées dans l’urgence, sans considérations pour le long terme et l’éthique de la vie.
- Intégrer plutôt que séparer : Je crois que l’état de la société aujourd’hui parle de lui-même. Les lignes de divisions sont tellement profondes que même au sein de famille et d’amitiés profondes les fractures sont nettes et douloureuses. Plutôt que d’unifier nos diversités d’expériences et d’opinions nous nous divisons en réclamant l’uniformité.
- Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience : Forcer la population entière à accepter un vaccin développé dans l’urgence, en prenant en otage nos droits civiques fondamentaux est à l’extrême opposé de ce que ce principe naturel incite à faire.
- Utiliser et valoriser la diversité : Même constat : nous avons développé une unique solution et l’avons imposé à tous. La nature nous aurait au contraire incité à mettre en place toute une gamme de réponse pour observer lesquelles fonctionnent le mieux. Ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, au cas où le panier cède…
- Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure : Ce principe invite à écouter les petites voix dissidentes, celles qui racontent une histoire un peu différente parce que ce sont en les intégrants que nous pouvons évoluer, grandir et renforcer le tout. Or nous avons étouffé ces voix, interdit à quiconque de ne pas être en accord avec le récit officiel et de questionner les mesures prises. Les éléments en bordures ne peuvent plus jouer leur rôle et c’est tout le système social qui en souffre.
- Utiliser le changement et y réagir, de manière créative : De toutes les entorses faites à la manière dont la nature fait face aux défis, c’est peut-être ce dernier qui me chagrine personnellement le plus : avec cette crise et face à ces mesures sans précédent, nous avons l’opportunité de remettre en cause le modèle de société industriel moderne qui étouffe l’humain et la planète. Que nous courrions aussi massivement et avidement vers un remède rapide pour que tout revienne à la normale me brise le cœur. Pourquoi ne pas profiter de la pause forcée pour nous remettre en question, identifier ce que nous voudrions changer, ce que nous pouvons faire pour ce en quoi nous croyons, ce que nous pouvons faire pour renforcer notre capacité à réagir face à d’autres crises qui ne manqueront pas de secouer nos vies dans les années à venir ? Ce serait là une réponse créative au service de notre immunité et résilience collective, et pas un remède rapide et bon marché qui se garde bien de regarder les causes profondes de la crise.
Conclusion
On pourrait dire bien d’autres choses dans cette analyse que j’ai volontairement gardé concise. Une chose est évidente : nous n’avons respecté aucun des principes qui régissent le fonctionnement des systèmes naturels résilients et florissants. On pourrait voir bien des raisons à cela : historiques (déconnection profonde de la nature), psychologiques (suprématie du mental sur le sensible), politiques (volonté de puissance), etc.
Le fait est que ces mesures nous ont affaibli (santé, cohésion sociale, résilience psycho émotionnelle) sans pour autant éradiquer le problème : nous nous retrouvons donc plus exposé face à une menace (sanitaire) qui a de grandes chances de se reproduire, et à d’autres menaces (économique notamment) qui ne manqueront pas d’arriver.
Qu’aurait fait la Nature? Sans avoir la prétention de savoir, je peux néanmoins deviner qu’elle aurait privilégié:
- une diversité de réponses de nature différentes plutôt qu’une unique obligation pour tous;
- des solutions lentes et à petites échelles, dont on peut mesurer les effets et sur lesquelles ont peut appliquer des corrections progressives;
- des interactions avec les autres domaines du vivant (animaux, plantes, bactéries, champignons) plutôt que de tout miser sur une nouvelle technologie qui n’a pas encore fait ses preuves d’efficacité ni de non-dangerosité.
- Une approche qui renforce la cohésion de l’espèce humaine plutôt que la division et la discorde alimentées par une approche radicale et partisane.
La nature créer et fleurit des systèmes abondants et résilient depuis 4 milliards d’années, il serait bon pour l’humain de se rappeler son appartenance au vivant et de s’inspirer de ces principes pour imaginer des réponses créatives et ambitieuses aux crises qui le secouent. Il n’est pas trop tard…