
Une réflexion croisée inspirée par l’article de mon ami Maxime Blondeau sur la sagesse, l’écologie et comment les incarner…
Mon grand ami Maxime Blondeau partageait hier une réflexion très intéressante sur la notion de sagesse et son lien au territoire (voir lien vers l’article en fin de page). En commentaire privé il me partageait ces questions cruciales :
« J’aimerais comprendre le lien entre sagesse et territoire. Je crois fermement qu’il existe un dénominateur commun à toutes les sagesses […] Quelle est la nature du lien ? Il est physique et expérientiel bien sûr, mais pas seulement. «
Je dois avouer que la question ne m’a pas quitté depuis et je vous livre ici quelques idées pour alimenter vos réflexions personnelles et le dialogue entre nous.
Reprenons pour commencer la définition même du mot écologie : Eco (habitat) + Logos (sagesse émergente à) : l’écologie c’est la sagesse inhérente/émergente à un habitat, un territoire, un terroir.
Il y a donc une différence fondamentale entre la Sagesse et la Morale : la sagesse s’inspire de la nature, alors que la morale est toute humaine, culturelle. La morale, l’éthique, la responsabilité font référence à notre adhésion à un système de valeur social, défini dans le temps et l’espace par la culture à laquelle on se réfère. Parce qu’elle est définie par l’homme, elle peut être modifiée par l’homme.
La sagesse n’est quant à elle pas ainsi anthropocentrique et circonstancielle : lorsque l’on parle de sagesse, ce n’est pas d’adhésion qu’il s’agit, mais d’alignement. Être sage, ce n’est pas être obéissant aux règles de son époque, c’est être aligné avec les principes de la nature. C’est pour ça, me semble-t-il, que les grands sages et les mystiques de tout temps nous délivrent le même message, la même Philosophie Eternelle (cf Aldous Huxley, Perennial Philosophy) depuis la nuit des temps et aux quatre coins du monde.
Je crois que le lien que recherche Maxime est là. L’Ecologie c’est se fondre dans la sagesse de nos territoires/terroirs ; être écologiste c’est se faire le véhicule humain de la sagesse naturelle du lieu que nous habitons. En étant nous même écologiste, dans son sens le plus radical, nous incarnons le principe de nature dans le monde humain, et nous permettons ainsi à la sagesse du vivant de nous inspirer, de nous guider, et de nous guérir : c’est là il me semble la voie la plus efficace pour sortir par le haut du cercle destructeur et de recréer des sociétés florissantes. Il en va de nous en tant qu’individus, mais aussi de nos entreprises et institutions politiques de faire en sorte que cet alignement avec les principes naturels soit respecté et magnifié.
« Si je devais associer une qualité première à la sagesse, ce serait donc le discernement. Et par discernement, j’entends la capacité lucide à juger s’il faut être obéissant ou désobéissant à une injonction naturelle, sociale, culturelle ou technologique. La sagesse, c’est la propension à faire le bon choix au bon moment. » (Maxime Blondeau)
Comment faire ce bon choix ? Sur quoi repose notre discernement ? Ce que je propose quant à moi c’est d’ancrer notre sagesse non pas sur notre discernement (humain), mais sur un protocole strict d’alignement avec les principes naturels : le discernement certes, mais soumis à un examen méticuleux à la lumière des principes de nature. La permaculture propose une grille de lecture en 12 axes pour questionner l’alignement de ce que nous entreprenons avec les grandes règles qui confèrent aux écosystèmes naturels leur résilience et leur abondance.
- Observer et Interagir
- Collecter et stocker l’énergie
- Créer une production
- Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction
- Utiliser et valoriser les ressources et services renouvelables
- Ne pas produire de déchets
- Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails
- Intégrer plutôt que séparer
- Utiliser des solutions à petite échelle avec patience
- Utiliser et valoriser la diversité
- Utiliser et valoriser les interfaces
- Utiliser le changement et y réagie de manière créative
Ces principes ne s’appliquent pas qu’à nos potagers mais trouvent leur application dans toutes les dimensions de nos quotidiens, pour peu qu’on veuille bien les regarder de la perspective des écosystèmes naturels : économie, politique, éducation, communication, relations, etc. S’éduquer à leur utilisation c’est prendre l’habitude d’adopter la perspective ECOcentrique et d’écouter la sagesse de la nature autour de nous.
Les transformations de nos habitudes mentales auraient vite fait de modifier nos comportements sociaux et d’accoucher d’une nouvelle culture basée sur la justice et la régénération, une alternative sage à la course hystérique à la destruction dans laquelle nous sommes lancés.
Lien vers l’article de Maxime Blondeau: par ici !